Grozny, envoyé spécial
L'illusion n'aura duré que le temps de proclamer les résultats. Avant même la fermeture des bureaux de vote en Tchétchénie, ce week-end, Oleg Lobov, le représentant spécial de Boris Eltsine dans le territoire rebelle, annonçait avec trop d'empressement que «60% des électeurs ont déjà participé» au double scrutin imposé par Moscou. Hier, la commission électorale revoyait ces chiffres à la baisse, donnant un taux de participation de 46,9%. Ce qui ne l'empêchait pas de déclarer vainqueur Dukou Zavgaïev, homme lige du Kremlin, couronné «chef de la République» en remplacement du Président élu lors de la proclamation d'indépendance, en 1991, le général sécessionniste Djokhar Doudaïev. Et pour faire bonne mesure, le parti du Premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, aurait remporté 50% des voix aux législatives, un score inégalé dans le reste de la Fédération.
A trop vouloir accréditer sa thèse, le Kremlin n'aura finalement réussi qu'à prouver combien la «pacification» de la Tchétchénie est loin d'être achevée. Il l'a à moitié reconnu, hier, lorsque l'état-major des troupes russes stationnées dans la république a annoncé préparer «pour les prochains jours» une opération d'ampleur afin de «libérer» Goudermès. Les combattants indépendantistes ont investi la deuxième ville du pays jeudi, alors que les soldats du corps expéditionnaire passaient aux urnes dans leurs casernements. Plutôt que d'annuler le scrutin, Moscou avait préféré affirmer, samedi, que l'aggloméra