Sarajevo, envoyé spécial
Dans un ancien hôtel olympique en ruines, isolé dans la forêt d'Igman, des officiers de la Force de réaction rapide attendent le compte à rebours. Nous sommes au soir du 29 août. Ils savent depuis l'après-midi que la grande frappe est pour la nuit prochaine. A 2 heures du matin, les avions de l'Otan décollent d'Italie. A 4h40, l'un des officiers demande une ultime confirmation. Cinq minutes plus tard, un déluge d'obus s'abat sur des batteries serbes.
Le chef d'opération s'appelle Erik de Stabenrath. Il explique: «Depuis le massacre du marché Markale, nous sentions la décision mûrir. Nous avions préparé les cibles à traiter, nous connaissions par coeur toutes les rampes de canons qui tirent sur les populations.» A-t-il éprouvé du plaisir avec ce premier assaut d'artillerie? «Pas sur le moment. Le soulagement, je l'ai éprouvé le lendemain en descendant en voiture dans une capitale paisible. Un immense contentement, mais autant de regrets d'avoir si longtemps attendu.»
Ce n'est pas un hasard si le lieutenant-colonel de Stabenrath connaissait le dispositif serbe par coeur, comme celui des Bosniaques d'ailleurs. Trois ans plus tôt, le 1er juillet 1992, il commandait le premier détachement français de Casques bleus à Sarajevo. Avec pour mission de s'approprier l'aéroport, de protéger les convois et «d'essayer de comprendre quelque chose d'une situation très confuse, de tenter de se faire une idée sur les milices et les armées, sur les lignes de confrontation