Moscou, de notre correspondant Ecrivain, historien, Lev Razgon a passé dix-sept ans en camp parce que les parents de sa femme dirigeaient une fraction d'anciens bolchéviques liquidée en 1937 par Staline. Seul survivant de sa famille, ce proche d'Andreï Sakharov fait partie des fondateurs du mouvement Mémorial dont il est membre du Conseil consultatif.
Que ressent l'ancien dissident devant le succès communiste en Russie, à peine cinq ans après l'effondrement de l'URSS?
De la tristesse. Je ne pensais pas que les communistes puissent obtenir jusqu'à 22% des voix. D'un autre côté, ces résultats étaient inéluctables. A cause de la misère qui frappe beaucoup de mes compatriotes. Et paradoxalement, je suis heureux qu'ils aient choisi d'exprimer leur colère dans des élections plutôt que sur des barricades. Les Russes n'ont pas voté pour les communistes mais contre le gouvernement. La victoire du PC me chagrine donc plus qu'elle ne m'inquiète. Le Parlement n'a pas le pouvoir de renverser le gouvernement. Les députés peuvent ralentir le rythme des réformes en faisant traîner l'adoption des lois, mais pas les arrêter.
La légitimation d'un parti prônant ouvertement la nostalgie du totalitarisme doit tout de même poser un problème aux forces démocrates.
Oui, qui sont donc ces gens qui manifestent derrière des portraits de Staline. Déjà, après la publication du rapport de Khrouchtchev au XXe congrès du PC en 1956, la poétesse Anna Akhmatova prévenait que la Russie se partageait entre ceux q