Moscou, de notre correspondant
Viktor Boulgakov avait créé dès 1952 une petite organisation de jeunesse anti-stalinienne, avant même que le terme de dissidence apparaisse en URSS. Arrêté une première fois le 4 mai 1953, il est condamné à vingt-cinq ans de prison. Il fait partie des membres fondateurs de Mémorial en 1987. Elu député de Moscou en 1990, il présida la commission d'enquête mise en place par le pouvoir démocrate après l'échec du putsch d'août 1991.
Comment expliquez-vous la victoire du Parti communiste aux législatives de dimanche?
C'est en octobre 1993 que les communistes ont gagné ces élections. Quand un président démocrate a fait tirer ses chars contre le Parlement. En 1991, le PC et leurs alliés ultra-nationalistes n'étaient pas capables de réunir plus de 1.000 personnes dans leurs manifestations. Mais par ses méthodes autoritaires, le gouvernement a restauré les tendances totalitaires dans le pays. On a certes le droit de s'exprimer aujourd'hui, mais beaucoup de gens simples ne touchent plus leurs salaires. L'estomac est un excellent agitateur.
Le succès communiste est donc bâti sur un déficit démocratique?
La faute la plus grave des démocrates, lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, est d'avoir préféré le pragmatisme ou la culture de gouvernement à la défense des principes de légitimité. La tentation était d'autant plus forte qu'ils ont conquis ce pouvoir dans la confusion d'un coup de force manqué et que la plupart des démocrates de 1991 étaient des enfants du comm