Sarajevo, envoyé spécial
Ce matin à 8 heures à Sarajevo, la Tronkei Bank ouvre une agence en centre-ville. Tous les jours, depuis le cessez-le-feu, anciens ou nouveaux cafés, boutiques, commerces et ateliers lèvent aussi leur grille. Mais une banque est plus qu'un nouveau commerce.
Hier après-midi, à Ilidza, une file longue de 3 kilomètres de véhicules en tous genres se préparent à évacuer des milliers d'habitants vers l'intérieur de la Bosnie serbe. A Grbavica, autre quartier sous contrôle serbe, les témoignages affluent sur des menaces proférées par des miliciens serbes, dans les montées d'immeuble, frappant aux portes à n'importe quelle heure de la nuit pour brusquer l'exode des locataires.
Ce soir, minuit, toutes les positions de combat situées sur les lignes de front de l'agglomération de Sarajevo seront abandonnées par leurs occupants serbes ou bosniaques. A priori, il n'y a pas de corrélation entre ces trois événements. Pourtant, l'apparition d'une agence bancaire est un premier signe de confiance du monde des affaires, qui, dans ce milieu, ne tombe pas du ciel. Et les prémices d'un exode sont un premier signe de panique et sans doute d'une «autopurification ethnique» que l'on appréhende depuis la rencontre de Dayton.
Malgré la controverse qui se poursuit autour des accords de Dayton, ceux-ci ont le mérite d'être extrêmement précis. A J+3, le 23 décembre, tous les barrages qui contrôlaient les routes autour de Sarajevo devaient être retirés. Comme le dit un lieutenant en