Kota Bahru, envoyé spécial Vendredi, jour saint de l'islam, tous les magasins de Kota Bahru, capitale de l'Etat malais du Kelantan, baissent leurs rideaux. Tôt le matin, des milliers de fidèles, surtout des paysans des villages avoisinants, convergent vers le Poskada al-Djihad, le «centre de la guerre sainte» qui sert de lieu de propagande au Parti islamique malais (PAS). Assis sur la chaussée, ils écoutent en silence, des heures durant, les prêches des imams. Depuis l'arrivée au pouvoir, il y a cinq ans, du PAS dans cette enclave du nord de la péninsule, la fédération de Malaysia, Etat multiethnique au régime parlementaire, y observe avec appréhension la montée d'un fondamentalisme militant et potentiellement déstabilisateur. «Certains Malais ont oublié leur religion et leur tradition», martèlent les imams pour s'en prendre au gouvernement de Kuala Lumpur. Celui-ci est dirigé depuis 1981 par le Premier ministre Mohammed Mahathir, artisan du développement économique de la Fédération, qui penche pour un islam tolérant.
Au Kelantan, Etat peuplé de 1,3 million d'habitants, le PAS entreprend pas à pas l'islamisation de la vie quotidienne. Le 3 octobre, un arrêté y a interdit la danse et le chant. Les spectacles dit «culturels», comme la danse du dragon au Nouvel An chinois ou le spectacle des lumières du Deepavali indien, sont autorisés sous certaines conditions: les danseurs doivent être âgés de moins de 12 ans et, dans l'assistance, les femmes et les hommes doivent être séparés