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Libération

Moscou ressuscite sa cathédrale martyreStaline l'avait détruite. Sa reconstruction traduit le retour en force de l'Eglise.

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publié le 8 janvier 1996 à 0h12

Moscou, correspondance Bâtisse sombre de béton, entourée de grues éclairées semblables à des cierges, la cathédrale du Christ-Sauveur transforme depuis un an l'horizon de la capitale russe. Le vrombissement des camions et les étincelles des soudeuses détonnent dans une ville ordinairement silencieuse la nuit, mais cette activité fébrile a atteint son objectif: hier, le jour de Noël orthodoxe, un an seulement après la pose de la première pierre, une messe dite par le patriarche Alexié II, en présence du président Boris Eltsine, a marqué la consécration des cloches et le placement de la dernière brique symbolique. Dans un pays où tout va lentement, le rythme effréné de la réédification de la plus grande cathédrale de Moscou en dit long sur le rôle de l'Eglise dans la Russie post-soviétique.

«C'est un acte de repentir pour ce qui a été démoli dans le passé», a rappelé le patriarche. «Notre pays se rétablit, la Russie s'élève avec puissance, force et gloire.» En 1931, Staline avait ordonné la destruction de la cathédrale, symbole de l'union de l'Eglise et de l'Etat des temps pré-révolutionnaires. Il souhaitait ériger à sa place un formidable palais des soviets surmonté d'une statue de Lénine «visible à des centaines de kilomètres». Mais les Soviétiques n'en ont creusé que les fondations, transformées en piscine de plein air...

Depuis le début de la Perestroïka, la reconstruction de la cathédrale martyre est devenue le leitmotiv de l'Eglise orthodoxe et des croyants. La réédificat