Casablanca, envoyé spécial
Rien ne le distingue des autres passagers du vol Paris-Casablanca, sinon qu'au départ un policier français s'est chargé de ses procédures d'enregistrement. Dans l'avion, libre de ses mouvements, l'homme aux mains calleuses de manutentionnaire voyage sans accompagnateur. A l'arrivée, il attend patiemment que la police marocaine ait fini avec les files d'attente. Puis, elle s'occupera de lui, l'immigré clandestin expulsé par la France. La routine. Chaque semaine, une petite dizaine d'illégaux sont renvoyés au Maroc de cette façon. Pour la forme, le représentant auprès de l'ambassade de France à Rabat du Service de coopération technique internationale de la police (SCTIP) est avisé de chaque expulsion. «Mais, il n'y a jamais eu de problème, dit-il. Pas d'actes de résistance dans l'avion, et, vu la bonne coopération des autorités marocaines, je n'ai jamais dû aller à l'aéroport pour faire rentrer au pays un clandestin.»
Durant la Conférence euroméditerranéenne, les 27 et 28 novembre dernier à Barcelone, les douze pays de la rive sud de la Méditerranée se sont pourtant fait tirer l'oreille par les Quinze de l'Union européenne quand il s'est agi de reconnaître, dans la déclaration finale, «leur responsabilité pour la réadmission» de leurs ressortissants en situation illégale. Dans les faits, la plupart assument leurs obligations à l'égard des pays d'Europe avec lesquels ils ont des accords bilatéraux de réadmission. Mais, sur le plan symbolique, la formali