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Libération

Pervomaïskaïa, camp tchétchène retranché . L'armée russe cernait hier le commando, qui retient près de 300 otages.

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publié le 12 janvier 1996 à 0h01

Pervomaïskaïa, envoyé spécial

Perdu dans les bosquets, au milieu d'une plaine glacée, le village de Pervomaïskaïa ne livre au regard que des toits plats. Monotonie rompue par la flèche d'un minaret. Embusqués tout autour, les soldats russes scrutent sans répit le moindre mouvement, l'oeil vissé à leurs jumelles ou à la lunette des tireurs d'élite. Le commandant indépendantiste tchétchène, qui a réalisé mardi la spectaculaire prise d'otages dans l'hôpital de Kizliar, au Daghestan, est désormais retranché dans ce bourg minuscule, à quelques centaines de mètres de la rivière Terek, frontière avec la Tchétchénie voisine. Avec lui, quelque 160 personnes emmenées comme «boucliers humains», auxquelles s'ajoutent désormais une centaine d'habitants du hameau, ainsi que 37 policiers raflés au passage.

Dans la matinée, «un peu par hasard», Else Mathieu, docteur de Médecins sans frontières-Belgique, a réussi à pénétrer dans le village. «Les Tchétchènes en armes déambulent dans les rues. Ils ont fait sortir les otages des autobus pour les installer dans les maisons. Une vingtaine de femmes faisaient du thé dans une cuisine», témoignait-elle. «Un médecin local soigne quelques combattants blessés. Il y aurait également des blessés légers parmi les otages. J'ai rencontré le chef du commando, Salman Radouïev, qui était très déterminé. Il regardait la télévision, puis il s'inquiétait du sort de ses otages mais pas de celui de ses hommes. Il réclame de la nourriture pour 200 civils et 400 combat