Sovietskoïe, envoyé spécial
Tout semble bloqué à Pervomaïskaïa. Hier encore, les négociations ont échoué. Le commando tchétchène reste terré dans le hameau, derrière la toute relative sécurité que lui fournit son «bouclier humain», quelque 300 civils retenus contre leur gré, prétexte à cette interminable bras de fer entre les combattants indépendantistes et le gouvernement russe. Les exigences des terroristes n'ont pas varié. La liberté de leurs prisonniers dépendra d'un sauf-conduit pour les zones sous contrôle rebelle, en Tchétchénie. L'intransigeance de Moscou paraît inébranlable. L'assaut n'a pas été lancé. Mais les troupes fédérales affermissent leur siège, grignotant mètre par mètre l'espace qui les sépare de la confrontation. Et pour ajouter à la tension, outre les hélicoptères, les chasseurs bombardiers survolent désormais le village doublement otage.
A défaut de fléchir la détermination des terroristes, l'attente commence à singulièrement porter sur les nerfs des habitants voisins. Dans le kolkhoze de Sovietskoïe bordant Pervomaïskaïa, à la frontière de la Tchétchénie et du Daghestan, de longues cohortes se forment. Femmes et enfants, chargés de baluchons, pliant sous le poids des matelas, bordent bus ou camions pour fuir vers des zones plus calmes. «Nous avons peur, nous n'y comprenons rien et ne savons plus d'où vient le danger», concède Mohamed Mogamedov, un jeune chauffeur. «Je ne sais pas qui est coupable, renchérit Khanitcha, sa marmaille pendue à ses basques,