Sovietskoïe, envoyé spécial
L'aube perce timidement l'épaisse couche de brume. Silhouettes fantomatiques dans le brouillard, les forces spéciales cheminent lentement vers leurs positions, suivies par d'importantes colonnes d'infanterie. L'assaut paraît imminent. D'autant que le chef des services de renseignement russes, le général Michaël Barsoukov, a fixé à ce dimanche, 10 heures, l'expiration de l'ultimatum adressé aux rebelles tchétchènes retranchés depuis six jours avec plus d'une centaine d'otages dans le minuscule village de Pervomaïskaïa. Les dernières tentatives de négociations ont échoué. Toute la nuit, l'aviation a lâché des fusées éclairantes sur le hameau, illuminant le ciel d'une vive lumière orange. Et pour conclure cette éprouvante guerre des nerfs, dès le point du jour, de puissants haut-parleurs intiment aux terroristes de déposer les armes et de se rendre en échange de la vie sauve.
L'heure tourne. La tension monte. «En rejetant l'offre que nous leur avons faite, les terroristes ont choisi leur destin», lance martial le général Alexandre Mikhaïlov, porte-parole du FSB, l'ex-KGB. Les troupes d'assaut fourbissent leurs armes. Et rien ne se passe. L'ultimatum a expiré depuis deux heures. Les soldats sont rappelés à leurs transporteurs. Sans explication, l'air blasé, ils quittent les lieux comme ils sont venus, profitant du répit pour avaler sur le pouce quelques rations. Certains jurent, clignant de l'oeil, que ce n'est que partie remise. Mais personne ne sembl