Juan Garcia Abrego, 52 ans, l'un des trafiquants de drogue les plus

recherchés au monde, a été capturé dimanche à Monterrey (Etat du Nuevo Leon, au nord de Mexico), et aussitôt extradé vers Houston, aux Etats-Unis. Cette expulsion «précipitée» suscite étonnement et réprobation au Mexique, l'homme y étant soupçonné d'une centaine d'assassinats et jouissant, à en croire les journaux, d'une fortune mal acquise évaluée entre 15 et 75 milliards de francs.

Son extradition relance par ailleurs les spéculations sur les liens qu'entretiendrait Garcia avec des hommes politiques placés au plus haut niveau de l'appareil d'Etat, et soucieux de l'écarter au plus vite vers d'autres cieux. Le chef du cartel du Golfe aurait ainsi été impliqué dans l'assassinat, en mars 1994, de Luis Donaldo Colosio, ex-candidat présidentiel du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, au pouvoir), et serait à l'origine du meurtre de José Francisco Ruiz Massieu, le numéro deux du PRI, assassiné en septembre 1994.

Les autorités justifient leur attitude en faisant valoir que Garcia, né à Brownsville au Texas, est citoyen américain, et tombe de ce fait sous le coup d'un article de la Constitution prévoyant l'expulsion immédiate de tout étranger dont la présence serait jugée «inconvenante». Les Etats-Unis ne peuvent, eux, que s'en féliciter: le DEA (agence antidrogue) attribue au cartel du Golfe l'introduction de près de 30% de la cocaïne importée sur leur sol, et le trafiquant figurait dans la liste des dix hommes