Alksaï, envoyé spécial
Ni le stress, ni la fatigue accumulée, ni même les sédatifs n'ont pu éteindre la flamme espiègle qui brille dans ses yeux trop bleus. Une boucle blonde, rebelle, s'échappe du lourd bandage qui lui enserre le front, maculé de sang séché. Allongé sur son lit en fer blanc, une couverture en toile grossière remontée jusqu'au menton, Andreï Doubanienko raconte avec passion ses neuf journées aux mains des combattants tchétchènes. Otage de la première heure, cet ingénieur russe de 25 ans a été pris par les boïviki à Kizliar, au tout début de leur incroyable cavale à travers le Daghestan. Il a retrouvé la liberté, hier à l'aube, dans un champ enneigé, blessé à la colonne vertébrale par un éclat d'obus alors qu'il accompagnait les rebelles dans leur dernière folie: une audacieuse percée, à la faveur de la nuit, à travers les lignes des forces fédérales qui encerclaient le hameau de Pervomaïskaïa où le commando indépendantiste s'était retranché la semaine dernière.
«Tous les combattants se sont réunis quand ils ont entendu à la radio que les troupes allaient raser le village avec des lance-roquettes multiples, témoigne-t-il. Ils ont enterré leurs morts dans une cour et décidé de briser l'étau. A 3 heures du matin, nous avons ramassé les blessés et sommes partis avec eux. Un petit groupe est resté en arrière, avec le gros des otages, pour fixer l'attention des soldats.» De toute évidence, l'opération avait été soigneusement planifiée. Dans un ultime pied de nez au