Istanbul, envoyés spéciaux
Toute la journée, les drapeaux tchétchènes, verts avec une bande rouge barrée de blanc, ont flotté au vent, brandis par une centaine de militants de la cause caucasienne qui avaient escaladé le piton rocheux au-delà du phare de Rumeli Ferneli, ultime pointe de la rive européenne de la mer Noire, au nord du détroit du Bosphore. Mais cela n'a pas suffi. Vendredi soir, le commando des huit combattants de la cause tchétchène qui avaient pris le contrôle du ferry turc Avrasya et retenaient en otages ses 200 passagers, russes en majorité, s'est finalement rendu à la police maritime d'Istanbul, soixante-douze heures après le début de leur action, mardi, dans le port de Trébizonde, à 1.200 kilomètres à l'est. Les hommes ont été emmenés sans avoir pu s'adresser comme ils l'exigeaient aux télévisions et à leurs sympathisants qui, depuis l'aube, avaient commencé à se masser pour attendre le bateau avec ses otages et leurs «héros».
Durant de longues heures, le commando est pourtant resté en vue de ce qui était son objectif initial, ce Bosphore large d'à peine sept cents mètres à certains points, qui sépare l'Europe de l'Asie, coupant en deux Istanbul et ses 12 millions d'habitants. «Nous voulions finir notre action à Istanbul pour que le monde entende notre voix. Personne jusqu'ici n'a été tué ni même blessé dans notre opération. Nos objectifs sont atteints», a déclaré sur son radiotéléphone Muhammet Tokcan, 28 ans, Abkhaze de Turquie comme ses compagnons, jus