Sovietskoïe, envoyé spécial Sacs et armes maculés de boue s'entassent en vrac sur les banquettes de l'autobus. Affalé sur son barda, le regard grave, les traits tirés, Kotia rumine sa défaite. Entouré de ses hommes, le visage encore noir de poudre, ce chef d'une section de la Force de réaction rapide du ministère russe de l'Intérieur (SOBR) ne trouve pas de mots assez durs pour fustiger «la trahison de nos supérieurs». Les noms d'oiseaux fusent. «Ils nous ont envoyés au massacre», gronde le lieutenant dont l'unité a mené l'assaut avorté contre le commando tchétchène retranché avec ses otages dans le hameau de Pervomaïskaïa. «Je n'avais jamais vu un tel bordel, raconte, les yeux brillants de colère, ce vétéran de la guerre d'Afghanistan et de l'intervention en Abkhazie, on aurait dit que tout avait été organisé par un amateur ou dans le seul dessein de nous faire tuer.»
Lorsque le Kremlin décide de réduire les rebelles par la force, il ne lésine pourtant pas sur les moyens. L'armée fournira l'artillerie (mortiers, canons de campagne de 122 millimètres, lance-roquettes multiples) ainsi que des chars lourds. L'aviation met à disposition ses redoutables hélicoptères de combat, des bombardiers d'attaque au sol. Gigantesque dispositif chargé, selon les communiqués officiels, de la «phase préparatoire de l'opération».
Pendant trois jours et trois nuits, sans discontinuer, le village sera littéralement écrasé sous un feu roulant. Au plus grand mépris de la vie des otages. La «phase d