Washington, de notre correspondant
S'il n'obtient pas l'investiture du parti républicain à la présidence des Etats-Unis, Steve Forbes aura au moins réussi, à 48 ans, à se faire un prénom. Propriétaire et rédacteur en chef du groupe de presse économique et financière dont le fleuron porte depuis des décennies le nom de sa famille, Forbes était surtout jusqu'à présent le fils de Malcolm, le flamboyant milliardaire décédé en 1990, dont les extravagances tardives avaient fait le bonheur des gazettes, à la fin des années 80. Steve en était le fils aîné, timide et sage, et ce n'est pas lui qu'on aurait vu, comme son père, se mettre sur le tard à la moto, au cuir et aux motards, céder aux délices de Marrakech et de Tanger, parcourir le monde en montgolfière, ou enrôler Elizabeth Taylor comme escorte mondaine.
Steve se contentait d'écrire tous les mois ses éditoriaux aux fortes opinions sur les libertés à rendre à l'économie de marché, sur les impôts à baisser, ou sur la nécessité d'un retour à l'étalon-or. Et, pendant son temps libre, Steve avait rédigé le programme économique qui avait permis la victoire électorale d'une de ses amies, Christine Todd Whitman, devenue gouverneur du New Jersey en 1993. C'était jusque-là sa seule incursion en politique.
Lorsque Steve Forbes s'est lancé dans la course à la Maison Blanche, après huit autres candidats républicains, les commentateurs se sont vite amusés de cette lubie d'un milliardaire qui décidait de ne pas solliciter les aides publiques, e