Washington, de notre correspondant
En proclamant par deux fois que «l'ère de l'État tout-puissant est révolue», le président américain a défini mardi soir, dans son discours sur l'état de l'Union devant le Congrès, le champ politique et idéologique dans lequel va s'inscrire la campagne pour sa réélection. Clinton a en effet saisi l'occasion annuelle qui lui est donnée de s'adresser au Congrès et au-delà à la nation américaine, pour tenir un discours qui empruntait bien davantage au registre républicain modéré qu'aux thèmes traditionnels du Parti démocrate. Lutte contre les déficits, État fédéral aux prérogatives diminuées et à la bureaucratie réduite, priorité à la lutte contre le crime, à la restauration des valeurs familiales, à l'initiative et à la responsabilité individuelle: la teneur du discours était si frappante qu'un des candidats marginaux à l'investiture républicaine, le virulent conservateur Bob Dornan, a pu déclarer que Clinton avait emprunté son discours «au manuel de Ronald Reagan»...
La longueur du discours (une heure) aura pu épuiser le téléspectateur. La forme, en tout cas, a séduit l'ensemble des commentateurs, démocrates ou républicains, qui saluaient hier, unanimes, la performance du Président. Celui-ci n'avait jamais paru aussi optimiste et sûr de lui, tranchant avec la prestation austère et engoncée du leader républicain du Sénat Bob Dole, qui lui a apporté peu après sur l'ensemble des chaînes de télévision la traditionnelle «réponse» de l'opposition.