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Libération
Reportage

L'industrie militaire chinoise se convertit au civilL'ex-usine de munitions Jialing produit des motos, mais une partie des ateliers restent secrets.

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publié le 25 janvier 1996 à 23h30

Chongqing, Sichuan, envoyée spéciale

Une Lexus noire aux vitres fumées, la plus raffinée des Toyota circulant en Asie, s'immobilise devant la grille d'entrée de l'usine militaire Jialing. Long contrôle d'identité. Des Occidentaux occupent le siège arrière de la voiture, véhicule personnel de l'un des directeurs du groupe. Une demi-douzaine de soldats en uniforme ouvrent la porte sur une véritable cité industrielle, cachée dans les arbres. Perchée sur l'une des collines qui domine Chongqing, la huitième ville chinoise en terme de population (la municipalité englobe 15 millions d'habitants, ndlr), l'usine militaire de Jialing est devenue l'un des fleurons du pays depuis sa reconversion dans la production de motos.

Plus d'1,2 million de motos produites en 1995, dont 99% sont déjà écoulées sur le marché. L'objectif de l'usine, située au premier rang national, est d'atteindre les 2 millions de motos en l'an 2000. Depuis 1985, des exportations ont lieu vers l'Amérique du Sud, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie du Sud-Est. En 1994, ces ventes à l'étranger ont rapporté 12,6 millions de dollars (plus de 60 millions de francs) en devises.

A première vue, la visite révèle une usine de fabrication mécanique des plus classiques. Avec un degré de technicité et de productivité plus élevé que la moyenne chinoise. Grands ateliers propres et aérés. Chaînes de travail encore peu mécanisées mais bien équipées. Contrôle de qualité omniprésent. Les ouvriers, des civils qui travaillent sans uniform