La France, proche de l'empereur Hailé Sélassié et en froid avec le
colonel Mengistu, resserre ses liens avec l'Éthiopie de Meles Zenawi. L'ancien rebelle et, depuis la chute de la dictature militaro-marxiste en mai 1991, nouvel homme fort à Addis-Abeba vient d'achever une visite officielle de trois jours à Paris, la première au plus haut niveau depuis celle du «roi des rois» il y a vingt-quatre ans. Hier, à l'issue de ses entretiens avec Jacques Chirac, Alain Juppé et Hervé de Charette, le chef du gouvernement éthiopien s'est félicité d'un «nouveau départ» dans les relations bilatérales. Premier gage de ce rapprochement et, aussi, pierre dans le jardin secret des relations franco-soudanaises: la France, membre permanent du Conseil de sécurité, «appuiera» le projet de résolution visant à contraindre le Soudan à extrader vers l'Éthiopie trois islamistes impliqués dans la tentative d'attentat contre le président égyptien Moubarak, en juin à Addis-Abeba.
Présent à Djibouti avec près de 4.000 soldats «prépositionnés», Paris compte sur la «nouvelle Éthiopie» pour stabiliser la Corne de l'Afrique, «cette région du monde en proie à des perturbations difficiles à contrôler», comme l'a récemment formulé le ministre de la Défense, Charles Millon. A l'initiative d'Alain Juppé, favorable à l'ouverture de la politique africaine de la France hors «champ» francophone, des petits pas ont préparé le rapprochement depuis trois ans. Ainsi, un don de 55 millions de francs a été consenti pour la r