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Libération
Interview

«Une attitude immorale de l'Occident»Sergueï Kovalev dénonce la dérive autoritaire de Eltsine en Tchétchénie.

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publié le 26 janvier 1996 à 23h27

Moscou, correspondance

L'ancien dissident Sergueï Kovalev, 65 ans, critique depuis le début l'intervention russe en Tchétchénie. Dénonçant «l'abandon définitif par Boris Eltsine de la politique des réformes démocratiques», il a démissionné mardi de son poste de chef du comité des droits de l'homme auprès du Président et de membre du Conseil présidentiel. Même si, pour lui, la Russie «ne remplit pas les critères» démocratiques du Conseil de l'Europe, il estime qu'«une Russie isolée serait plus dangereuse pour elle-même et pour le monde qu'une Russie intégrée». Un avis favorable du Conseil devrait donc être associé «à des exigences extrêmement sévères».

Que pensez-vous de la position des pays occidentaux face à la guerre en Tchétchénie?

Je leur en veux énormément. Les pays occidentaux sont lâches. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait envoyé une mission à Grozny pour superviser les négociations entre le gouvernement fédéral et les indépendantistes. Ils se sont enfuis à la veille des élections, en décembre. Ce n'est pas la peur des troubles qui les a chassés mais la peur de dénoncer ce scrutin comme une farce. Ils ont choisi la politique de l'autruche, plutôt que de se fâcher avec le gouvernement russe. L'Occident a adopté une attitude immorale, sans se rendre compte qu'il compromet ses propres intérêts. Reflet de cette irresponsabilité, Bill Clinton a implicitement approuvé l'assaut contre Pervomaïskaïa. Car les dirigeants occidentaux ont tout