Avocat du pouvoir il a toujours été, ministre il fut, «homme du sérail» il restera. Arrivé par surprise, en mai 1994, à la tête du ministère des Droits de l'homme, Me Mohamed Ziane, 53 ans, vient de quitter ses fonctions de la même façon: dans un halo de scandales, mais en accord avec le palais royal. Encore que le bref communiqué publié jeudi soir ne trompera personne. «Sollicité» par le ministre ayant «exprimé le voeu d'être démis de ses charges», le roi Hassan II aurait accédé à cette «requête» en le congédiant. Une version un peu édulcorée, alors que la veille, mercredi, le quotidien Istiqlal avait conclu un article consacré à Me Ziane en empruntant la formule choc de Jean-Pierre Chevènement: «Un ministre en désaccord, ça démissionne ou ça ferme sa gueule.» Pour le truculent ministre, entre les deux termes de l'alternative, le second eût été plus difficile.
Affectant un franc-parler d'autant plus étonnant qu'au Maroc il n'en est pas coutume, Mohamed Ziane a réussi, en moins de deux ans, à braquer tout le monde. Depuis une altercation au parlement digne d'une empoignade de souk, au mois de décembre, l'opposition quitte même systématiquement les séances dès lors que le ministre des Droits de l'homme monte à la tribune. Il faut dire que celui-ci a tenu à préciser que les excuses alors présentées par le porte-parole du gouvernement ne l'engageaient «nullement». Parmi ses frasques précédentes: hué par un cortège syndical qui, par le hasard de l'itinéraire, défilait sous son