Johannesburg,
de notre correspondant Entouré d'une escouade de gardes du corps en noeud papillon et bagues aux doigts, le «Ministre», Louis Farrakhan, est arrivé hier, avec près de deux heures de retard, à la résidence du Président sud-africain Nelson Mandela, à la tête d'un cortège de limousines géantes. La veille, un petit groupe du Congrès panafricain (PAC) et de musulmans d'Afrique du Sud, avaient attendu à l'aéroport le chef du mouvement noir américain Nation de l'islam, pendant plus de huit heures sous une pluie battante. Farrakhan s'en est excusé. Parti en tournée africaine et mondiale depuis douze jours, le très critiqué organisateur de la marche qui a réuni plus d'un million de Noirs à Washington le 16 octobre les femmes ayant été invitées à rester chez elles , a découvert lors de son premier voyage «sur la mère patrie africaine», les réalités du continent. Arrivé au Zaïre, ses pilotes ont exigé de prendre vingt-quatre heures de repos, avant de réclamer leur salaire pour décoller. Bon prince, le président Mobutu a promis un avion privé, qui n'est jamais venu. La délégation du «prophète» de l'islam a dû louer des taxis, et crever encore deux fois sur la piste de l'aéroport, avant de quitter le Zaïre.
Sa visite en Afrique du Sud a été précédée de sévères critiques, en particulier à l'égard du président Mandela. La sulfureuse réputation de Farrakhan, les propos antisémites et sexistes qu'on lui prête, son radicalisme antiblanc, ont fait dire à un éditorialiste que ce