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Libération

Le capitaine Barril mercenaire au QatarL'émir déchu du Qatar compte sur l'ex-supergendarme pour retrouver son trône.

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publié le 29 janvier 1996 à 23h22

Dans une région, le Golfe arabo-persique, où les innombrables

embrouilles sont traditionnellement gérées par les mercenaires et les services secrets britanniques et américains, on ne s'attendait pas à l'ingérence d'un officier français dans un des conflits en cours. Celui-ci se déroule au Qatar, l'un des Etats les plus riches du monde, où l'émir déchu, cheikh Khalifa al-Thani, voudrait récupérer son trône dont l'a chassé son fils. Pour cela, une troupe de mercenaires a été constituée sous le commandement d'un ancien supergendarme de l'Elysée, le capitaine Paul Barril.

Le 27 juin dernier, cheikh Khalifa se trouve à Genève lorsque son fils aîné, le prince héritier Hamad, le renverse. Le coup d'Etat se déroule en douceur. Dynamique et ambitieux, le nouvel émir, âgé de 45 ans et diplômé de l'académie militaire de Sandhurst, entend bien mener une «véritable politique d'indépendance», en rupture avec celle suivie par son père, qui consistait à un alignement presque systématique sur l'Arabie Saoudite. Riyad, bien sûr, n'apprécie pas l'attitude de défi de son petit voisin qui, tour à tour, va nouer des relations économiques avec Israël et défendre l'Irak et l'Iran. L'émir détrôné, lui, jure qu'il ne pardonnera jamais à son fils son «impudence» et retournera «coûte que coûte» dans son pays. Dès son éviction, il a contacté les banques suisses dans lesquelles le Qatar a déposé ses fabuleuses réserves financières et les a fait transférer sur son compte personnel. Quasiment tout l'argent