Menu
Libération

Une junte reprend les rênes du NigerParis condamne le putsch contre le président Ousmane, élu en 1993.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 janvier 1996 à 23h22

Les fruits de la démocratisation n'ayant pas tenu la promesse des

fleurs, au printemps des libertés succède, en Afrique francophone, l'hiver de la restauration militaire. Ce week-end au Niger, pour la première fois depuis que le «vent du changement» souffle sur le continent africain, à la suite de la chute du mur de Berlin, l'armée a renversé un président et un gouvernement démocratiquement élus. Au prix de cinq morts et d'une dizaine de blessés, le chef d'état-major de l'armée nigérienne, le colonel Ibrahim Barré Maïnassara, a chassé du palais présidentiel Mahamane Ousmane, placé en «résidence surveillée», alors que le Premier ministre, Hama Amadou, aurait été arrêté. Hier, la France a «condamné» le coup d'Etat, et «suspendu», en attendant la «restauration de la légalité constitutionnelle», toute sa coopération civile et militaire avec l'ex-colonie, où vivent toujours 1.800 de ses ressortissants.

Samedi après-midi, des coups de feu ont éclaté aux abords du palais présidentiel, finalement investi par l'armée après plusieurs heures de fusillade. En début de soirée, la garde présidentielle s'étant rendue, le nouvel homme fort, à la tête d'un «conseil de salut national», composé de douze militaires, a justifié son putsch par les «ambitions personnelles, l'intolérance, le clientélisme et la gabegie» des politiciens qu'il venait de faire arrêter. Estimant que «les masses laborieuses sont devenues l'otage d'une classe politique mal préparée, voire simplement incapable d'adaptation a