Harcelé par l'opposition, contesté dans son propre parti, abandonné
par plusieurs de ses ministres et de ses ambassadeurs, montré du doigt par les Etats-Unis, poussé à se soumettre en se démettant par une coalition de plus en plus pressante de personnalités de tous bords, Ernesto Samper s'accroche à son fauteuil présidentiel, sans jamais se départir d'un sourire dont on ignore encore s'il incarne le comble de l'innocence ou de la duplicité.
Savait-il ou ne savait-il pas? Le chef de l'Etat colombien est soupçonné d'avoir accepté, l'été 1994, six millions de dollars (30 millions de francs) du cartel de Cali, pour financer sa coûteuse campagne électorale. La réalité des versements est incontestée depuis les aveux retentissants de l'ex-trésorier de cette campagne, Santiago Medina, placé depuis en résidence surveillée. Mais Samper avait obtenu le bénéfice du doute quant à sa complicité active dans l'affaire, jusqu'aux accusations proférées le 22 janvier par un homme, aujourd'hui sous les verrous, qui l'avait jusqu'alors couvert, l'ancien ministre de la Défense, Fernando Botero, à l'époque des faits directeur de la campagne présidentielle.
Samper dit et répète qu'il ne quittera son palais que «le front haut, ou mort». Il avait marqué un point, en décembre, quand une commission d'enquête parlementaire l'avait somme toute blanchi, faute de preuves. Mais avec l'accumulation des nouvelles présomptions, c'est un homme aux abois qui cherche à s'en sortir, au point de devoir annuler un vo