Montréal, de notre correspondant
Il est tout à la fois le Messie, Satan et saint Lazare. Quel que soit le point de vue, les voies de Lucien Bouchard 57 ans, unijambiste, ancien avocat, ancien diplomate, organisateur libéral, ministre conservateur, député bloquiste (opposition sécessionniste à Ottawa), militant épisodique et récurrent du Parti québécois, et, depuis hier, tout nouveau Premier ministre du Québec sont quasi impénétrables.
Issu d'une vielle souche charentaise du XVIIe siècle, il rêvait de devenir écrivain. Sa mère, maîtresse d'école dans la région du lac Saint-Jean (pas très loin de chez Maria Chapdelaine), souhaitait en faire un prêtre. Rien ne semblait donc orienter cet intellectuel fragile vers la politique, même si ses études à Québec l'ont amené à frayer avec plusieurs futurs dirigeants du pays.
Mais son charisme a infléchi son destin. René Levesque, sur le point d'être élu Premier ministre (séparatiste) du Québec en 1976, lui a proposé, en vain, de se présenter comme député. Son ami, Brian Mulroney, à la veille de devenir chef du gouvernement conservateur du Canada en 1984, lui a fait une offre comparable. Il a encore décliné. Il a cependant fini par accepter le poste d'ambassadeur du Canada à Paris. Puis, il est devenu ministre canadien de l'Environnement, a tenté de ramener le Québec dans le giron de la confédération canadienne et, brusquement, a claqué la porte du cabinet Mulroney, en 1990, lorsque le Canada anglais a rejeté les doléances du Québec.
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