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Portrait

Québec: le destin de «Saint Lucien»Lucien Bouchard, nouveau Premier ministre, a un parcours singulier.

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publié le 30 janvier 1996 à 23h20

Montréal, de notre correspondant

Il est tout à la fois le Messie, Satan et saint Lazare. Quel que soit le point de vue, les voies de Lucien Bouchard ­ 57 ans, unijambiste, ancien avocat, ancien diplomate, organisateur libéral, ministre conservateur, député bloquiste (opposition sécessionniste à Ottawa), militant épisodique et récurrent du Parti québécois, et, depuis hier, tout nouveau Premier ministre du Québec ­ sont quasi impénétrables.

Issu d'une vielle souche charentaise du XVIIe siècle, il rêvait de devenir écrivain. Sa mère, maîtresse d'école dans la région du lac Saint-Jean (pas très loin de chez Maria Chapdelaine), souhaitait en faire un prêtre. Rien ne semblait donc orienter cet intellectuel fragile vers la politique, même si ses études à Québec l'ont amené à frayer avec plusieurs futurs dirigeants du pays.

Mais son charisme a infléchi son destin. René Levesque, sur le point d'être élu Premier ministre (séparatiste) du Québec en 1976, lui a proposé, en vain, de se présenter comme député. Son ami, Brian Mulroney, à la veille de devenir chef du gouvernement conservateur du Canada en 1984, lui a fait une offre comparable. Il a encore décliné. Il a cependant fini par accepter le poste d'ambassadeur du Canada à Paris. Puis, il est devenu ministre canadien de l'Environnement, a tenté de ramener le Québec dans le giron de la confédération canadienne et, brusquement, a claqué la porte du cabinet Mulroney, en 1990, lorsque le Canada anglais a rejeté les doléances du Québec.

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