Santiago du Chili,, de notre correspondant
Les premiers sont arrivés à la fin du siècle dernier, via Buenos Aires. Après un long périple à travers la Patagonie et les Andes, ils ont élu domicile à Santiago, car le climat de la région centrale du Chili leur rappelait la douceur de leur Cisjordanie natale. Ainsi les grands-parents du docteur Charard, un dentiste réputé, avaient à peine 18 ans et quelques sous en poche losqu'ils ont émigré: «Comme beaucoup d'autres, ils ont franchi la Cordillère à dos de mulet, après six mois passés à attendre la fonte des neiges du côté argentin.»
Depuis, par vagues successives, ces immigrés levantins ont formé une communauté aussi prospère que bien intégrée. On dénombre aujourd'hui 300.000 Chiliens d'ascendance palestinienne (sur une population de 14 millions d'habitants), dont les ancêtres sont presque tous originaires de trois localités voisines de Jérusalem: Bethléem, Beit-Jala et Beit-Sahur. C'est le plus important établissement de la diaspora hors du Moyen-Orient.
Les premiers colons fuyaient les rigueurs de la domination ottomane. «Ils ne sont pas partis pour des raisons économiques, explique José Elias, président de la très représentative Fédération palestinienne du Chili, car ils vivaient plutôt bien, dans de grandes maisons agrémentées de jardins et de vergers. Mais l'empire ottoman avait rendu obligatoire un service militaire interminable, et il n'était pas rare que des jeunes filles soient enlevées et destinées aux harems d'Istanbul