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Libération
Reportage

Lesotho, funérailles sur la montagne. La mort du roi met en avant les rapports troubles avec le gouvernement.

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publié le 31 janvier 1996 à 23h16

Maseru, envoyé spécial

«Le vent du changement souffle en Afrique, spécialement en ce qui concerne la monarchie et le pouvoir des chefs, ébranlés sur leurs bases.» C'est par ces paroles chargées d'inquiétude pour l'avenir du minuscule royaume d'Afrique australe qu'un représentant des chefs traditionnels a rendu un dernier hommage à son roi, Moshoeshoe II, tué dans un accident de voiture le 15 janvier dernier. Entourés par une foule de 25.000 personnes au pied de la montagne de Thaba Bosiu, à 40 kilomètres de la capitale Maseru, les chefs, largement acquis à la monarchie, sont venus prêter allégeance à la reine et au jeune roi Letsie III, 36 ans, qui devrait succéder à son père.

La disparition du chef de l'Etat de ce petit royaume de 1,6 million d'habitants, relance en effet la question des rapports turbulents entre la monarchie et le gouvernement démocratiquement élu en 1993. Les royalistes accusent celui-ci de dépouiller les chefs de leurs prérogatives, tandis que les partis antimonarchistes reprochent à la famille royale une conception dépassée de son pouvoir traditionnel. «Ce gouvernement est corrompu, le Premier ministre cherche à installer son clan au pouvoir, accuse Mathibela Seipobi, membre du parti royaliste Marematlou. Moi, je veux obéir à mon chef, pas à un fonctionnaire à qui je dois donner de l'argent pour creuser un puits.»

Les journalistes se plaignent de violations de la liberté de la presse, l'un d'entre eux étant même poursuivi en justice par l'Etat pour avoir