Moscou, de notre correspondant
Par dizaines de milliers, femmes, enfants et vieillards en tête, portant bien haut le drapeau national, ils ont convergé hier de toute la Tchétchénie pour s'installer devant l'ancien palais présidentiel, carcasse calcinée par les bombes russes, symbole de cette indépendance qu'ils réclament à grands cris. La place centrale de Grozny est noire de monde. Et, sur la foule massée, flottent les étendards à fond vert frappés d'un loup couché. Intrigués, inquiets, les soldats russes semblent avoir abandonné la rue aux manifestants, qui réclament leur renvoi immédiat à Moscou.
Les ordres des militaires ne paraissent pas très clairs. «Nous sommes prêts à répondre, y compris par la force, assure l'un d'entre eux, nous avons reçu les pleins pouvoirs, dont celui de tirer». Mais rien ne se passe. Les barrages qui contrôlent l'accès à la capitale laissent passer, sans broncher, les flots de marcheurs venant des villes de Chali, de Goudermès, d'Ourous-Martane.
Dans la soirée d'hier, les agences de presse russes affirmaient que la plupart des manifestants s'étaient dispersés dans le calme, mais que des centaines de personnes avaient néanmoins décidé de demeurer sur place, en dépit du couvre-feu. Le Kremlin se trouve donc face à un nouveau dilemme: que faire du plus grand rassemblement jamais organisé depuis l'entrée des forces fédérales dans la petite république sécessionniste du Nord-Caucase il y a un peu plus d'un an, un défi clair à l'autorité centrale. D'auta