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Libération
Reportage

La grève des mineurs russes tourne courtA l'appel du syndicat, ils reprennent le travail, certains d'avoir été dupés par Eltsine.

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publié le 5 février 1996 à 1h46

Podmoskovdnaïa, envoyé spécial

Le pas traînant, le regard las, Aliocha retourne «au fond». Et devant le monte-charge, à la bouche du puits, aucun des gars de son équipe n'a envie de sourire. La grève est suspendue. «Victoire», claironnent les syndicats. «Foutaises, grommellent les mineurs, on n'a gagné que des promesses. Tu parles qu'on avait besoin de débrayer pour ça.» Leurs salaires n'ont pas été versés depuis le mois d'octobre. Leurs avantages en nature fondent comme neige au soleil. La restructuration de l'industrie charbonnière se confond souvent avec un simple licenciement. Aussi, quand la principale confédération du pays a appelé à la grève générale du secteur, jeudi, les «gueules noires» de toute la Russie sont parties comme un seul homme. «Bien oui, c'est nous qui avons pris la décision, reconnaît Sergueï Komissarov, secrétaire de la section syndicale dans la mine de Podmoskovdnaïa, mais la base, elle poussait drôlement.»

Le problème de Sergueï, ce samedi midi, c'est d'ailleurs de convaincre ladite base qu'il est temps de reprendre le boulot. Face à un mouvement menaçant de s'étendre, le gouvernement a prestement lâché du lest, vendredi soir, s'engageant à débloquer 2.600 milliards de roubles (2,6 milliards de francs) en subventions supplémentaires pour le premier trimestre de 1996. Des concessions jugées suffisantes par le directoire moscovite du syndicat, mais qui semblent loin de satisfaire les mineurs. Dans la salle des brigades de Podmoskovdnaïa, l'atmosphère