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Libération

Haïti, première transition démocratiqueLe président Aristide passe le pouvoir à son successeur élu, René Préval.

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publié le 7 février 1996 à 1h41

Pour la première fois en deux siècles d'indépendance, Haïti

connaîtra ce matin une passation régulière du pouvoir entre deux chefs de l'État. Jean-Bertrand Aristide, président sortant, passera son écharpe au cou de René Préval, son successeur élu, comme l'exigent les règles de la transition démocratique. Ses précurseurs avaient tous succombé, venue l'échéance de leur mandat, à la vocation de dictateur, à l'exception, au siècle dernier, du modeste Nissage Saget. Encore cet honorable sénateur n'avait-il dû son titre qu'à une cooptation par le Parlement, alors que c'est avec l'onction du suffrage universel qu'Aristide, 42 ans, est entré au palais national il y a cinq ans, à l'issue du premier scrutin «libre et honnête» organisé dans la république caraïbe.

Le quinquennat de l'ancien prêtre ­ il a renoncé à ses voeux sacerdotaux sur pression du Vatican et s'est marié le 20 janvier ­ n'a pas été pour autant un long fleuve tranquille. Plébiscité le 16 décembre 1990 avec 67% des suffrages, entré en fonction le 7 février 1991, il fut déposé par un coup de force militaire, le 30 septembre, après à peine sept mois d'un magistère aussi brouillon que prometteur, mais qui laissait présager des dérapages autoritaires. Aristide fut finalement remis en selle le 15 octobre 1994 dans la foulée de l'intervention américaine qui avait mis un terme un mois plus tôt à la sanglante aventure des généraux putschistes.

Dans ce pays pétri d'histoire, le choix de la date de ce 7 février est hautement symbol