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Libération

La nouvelle croisade de Jean Paul IIAu Salvador où il est attendu, la théologie de la libération divise l'Eglise.

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publié le 8 février 1996 à 1h37

A San Salvador, Jean Paul II affrontera aujourd'hui le troisième

«démon» de sa nouvelle croisade sud-américaine, après en avoir diagnostiqué la défaite dans l'avion qui l'emmenait, lundi, vers le Guatemala. Le pape s'était alors réjoui que «la théologie de la libération, d'inspiration marxiste (était) tombée», accompagnant «la chute du communisme». Mais le grand courant progressiste qui a secoué toute l'Amérique latine ces deux dernières décennies a encore de beaux restes dans la petite république salvadorienne, troisième étape du périple papal, où la majorité du clergé lui est restée fidèle.

L'heure n'est pas à l'amnistie. La semaine dernière, l'archevêque de la capitale, Mgr Fernando Saenz, un membre de l'Opus Dei nommé par Rome en mai, a destitué le recteur du grand séminaire, le père Luis Coto, et tout le corps professoral, adeptes déclarés de «l'option préférentielle pour les pauvres». Auparavant, il avait déplacé plusieurs prêtres de San Salvador, fermé le bureau de Caritas (organisation épiscopale chargée de distribuer de l'aide aux plus démunis), et destitué le directeur de l'hebdomadaire catholique Orientacion.

L'épiscopat n'en attend pas moins de cette visite qu'elle aide à panser les plaies de la guerre civile achevée en 1992 au prix de 70.000 morts, et à consolider une paix qui ne peut être compatible, selon lui, avec «l'extrême pauvreté» qui règne dans le pays (60% des 5,1 millions d'habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté).

Hier, Jean Paul II s'est rendu a