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Libération
Reportage

Le chantier pharaonique de la «Grande Chine»

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Pékin réalise le plus grand barrage du monde sur le Yang-tsé. Un coût humain et financier colossal.
publié le 8 février 1996 à 1h36

C'est le plus gigantesque ouvrage humain du monde. Depuis le monticule qui domine le futur barrage des Trois Gorges, à près de 200 m au-dessus des eaux boueuses du fleuve Yang-tsé, le spectacle est sidérant. A perte de vue, des nuages de poussière s'élèvent des collines, en écho au choc des explosifs. Les centaines de camions qui charrient les rocailles paraissent minuscules, tant le chantier est étendu et profond. Sur plus de 20 km le long du fleuve, des équipes extraient des blocs de pierre de la montagne, fabriquent du ciment.

Les nuages de poudre blanche se mêlent au brouillard, quasi permanent dans cette région. Au niveau de la future digue, une veine profonde de 90m a été creusée dans le granit. La trouée, nécessaire pour accueillir les écluses, requiert un corridor encore deux fois plus profond. A la jumelle apparaissent les formes humaines qui s'agitent en tous sens. Lorsque le chantier battra son plein, entre 1997 et l'an 2003, plus de 30.000 ouvriers se presseront sur le site. Pour l'instant, ils sont environ 15.000, venus de toute la Chine.

Les autorités chinoises ont décidé de réaliser coûte que coûte le plus grand barrage hydroélectrique du monde. Un projet dont la démesure évoque les grands travaux des pharaons. La digue, qui fera obstacle au plus grand fleuve d'Asie, sera plus élevée qu'un immeuble de soixante-dix étages (175 m), et plus longue que les Champs-Elysées (2.309 m)... Pour y parvenir, le cours du fleuve sera dévié à deux reprises, dégageant alternati