Athènes, correspondance Aux yeux de nombreux Athéniens, ils représentent les «nouveaux Barbares», au sens étymologique du terme, c'est-à-dire les «non-Grecs» avec tout ce que cela implique de condescendance sinon de mépris. La déferlante des immigrés clandestins trouble ce pays qui fut longtemps une terre d'émigration. La chute du rideau de fer qui verrouillait les frontières avec l'Albanie, la Yougoslavie et la Bulgarie, a libéré tout à la fois les vieux démons de l'Histoire et les routes pour les «réfugiés économiques». Leur nombre exact n'est pas connu, mais ils sont estimés à un demi-million, soit 5% de la population.
Depuis cinq ans, les habitants de la capitale se sont habitués à voir des jeunes Albanais, Polonais, Egyptiens ou Irakiens traîner sous les arbres du parvis de l'hôtel de ville ou faire les cent pas sur les trottoirs de la place Omonia, attendant l'embauche providentielle, illégale, pour «tous travaux». Dans les campagnes, ils cueillent le coton et les olives, piochent les pieds de vigne. Dans les lieux touristiques, ils font la plonge ou le ménage. Des femmes russes ou polonaises servent d'entraîneuses dans les cabarets.
Les autorités clament que les frontières sont de véritables passoires. «Chaque jour, une centaine d'immigrés, musulmans à 80%, surtout des Irakiens et des Pakistanais, arrivent en Grèce dans des petits bateaux en provenance de Turquie», assure l'ex-ministre de l'Ordre public Syphis Valyrakis, inquiet face au risque d'un déséquilibre démogra