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Libération
Reportage

Au Zaïre, tous les Rwandais sont indésirables Réfugiés après le génocide ou installés de longue date, les Zaïrois veulent les forcer au retour.

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publié le 19 février 1996 à 1h07

Goma, envoyé spécial

Qu'ils y soient installés depuis dix-huit mois ou depuis un demi-siècle, tous les Rwandais de l'est du Zaïre sont devenus indésirables. A commencer par les Banyarwanda ­ les «gens du Rwanda» ­ qui, du fait du découpage des frontières et du transfert de la main-d'oeuvre à l'époque coloniale, se sont retrouvés à l'indépendance dans l'ex-Congo belge, aujourd'hui le Zaïre. Depuis près d'un an, ces «allogènes» sans statut ni protection particuliers sont chassés manu militari des riches terres du Masisi, au nord-ouest de Goma.

Au cours des dernières semaines, à pied et sans assistance humanitaire, ils ont été parfois 700 par jour à traverser la frontière zaïro-rwandaise où l'on attend, jusqu'alors en vain, le retour massif des réfugiés de 1994. Ceux-ci, au total un million dans l'est du Zaïre, s'accrochent aux apparences de volontariat de leur retour, mais sans se faire d'illusions: dans les semaines à venir, ils finiront, eux aussi, par être chassés de leur terre d'accueil.

Au nord de Goma, au pied des volcans, cinq camps abritant environ 700.000 Hutus s'égrènent de part et d'autre de l'unique route goudronnée depuis une semaine, des militaires zaïrois sont postés le long de la route et, en arc de cercle ouvert sur la frontière rwandaise toute proche, autour du camp de Kibumba, une cité de bâches et de huttes de branchage où vivent 190.000 réfugiés. Des pluies successives ont eu raison d'une partie du dispositif militaire zaïrois, composé de soldats impayés et a