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Libération

Le Zaïre ordonne le blocus des camps. Le HCR et les ONG sont interdits d'activités afin de forcer le retour des réfugiés.

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publié le 22 février 1996 à 0h56

Kinshasa a décidé de couper les vivres à quelque 210.000 Hutus dans

deux camps de l'est du Zaïre, où le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et les organisations non gouvernementales (ONG) ont été interdits d'activités humanitaires. Hier, dans un communiqué publié «au nom du gouvernement» par le vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères, Gérard Kamanda Wa Kamanda, le Zaïre a également interdit le Rassemblement pour le retour et la démocratie au Rwanda (RDR), la principale organisation politique des réfugiés, et menacé d'expulsion tout organisme humanitaire qui s'opposerait à ce qui, désormais, prend l'allure d'une opération de rapatriement forcé. D'ores et déjà, sans nommer les organisations visées, le gouvernement zaïrois a banni de l'ensemble des camps ­ abritant, au total, 1 million de réfugiés ­ «certains agences humanitaires qui s'illustrent par leur hostilité au rapatriement».

Le «programme de rapatriement ciblé», supposé être organisé sur la base du volontariat des candidats au retour, avait été lancé le 13 février par le Zaïre. Un dispositif militaire avait alors été déployé d'abord autour de Kibumba, au nord de Goma, puis autour de Nyangezi-Mulwa, près de Bukavu, deux camps où vivent, respectivement, 190.000 et 20.000 réfugiés. Hier, apparemment excédé par l'échec de sa tentative de provoquer le départ massif de Rwandais de son territoire, le gouvernement zaïrois a pris des mesures radicales s'assimilant à un siège des deux camps de