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Libération
Reportage

A Potgietersus, l'apartheid fait toujours école. Pour leur première rentrée dans ce bastion afrikaner, hier, les élèves noirs étaient escortés.

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publié le 23 février 1996 à 0h52

Potgietersus, envoyé spécial

Plantée du haut de ses dix ans devant les caméras des télévisions internationales, la petite Thabang Chula passe sa main sur son uniforme fraîchement repassé et remonte bien haut ses chaussettes sous les genoux. Rayonnante, la star du jour lance de grands sourires et lâche la main de sa maman devant la grille ouverte de l'école primaire de Potgietersus: «Non, je n'ai pas peur. Je me réjouis de recommencer l'école. Je suis sûre que je vais me faire plein de copines.» Puis, elle franchit le portail, surmonté de barbelés et doté d'un système de surveillance vidéo et rejoint la quinzaine de petits élèves noirs qui l'ont précédée. Une bonne cinquantaine de policiers, talkie-walkie en main, bouclent la rue, tandis qu'aboient les chiens dans les paniers à salades, mis en travers de la route pour prévenir tout risque d'attentat. La scène fait repenser aux sinistres images de Little Rock, dans l'Arkansas (Etats-Unis), quand en 1957, les étudiants noirs avaient pour la première fois pénétré dans une école sous escorte policière, et sous les huées d'une foule blanche enragée.

Il est sept heures quinze. Comme dans toutes les écoles du monde, la cloche de l'école primaire de Potgietersus appelle les élèves en classe. Mais ici, ce matin, pas de cris d'enfants, pas de galopades endiablées dans les couloirs. Seuls les 16 écoliers noirs se sont mis avec ardeur au travail. Les parents blancs de l'école, qui compte près de 700 élèves, tous blancs, ont en effet inte