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Libération
Reportage

ELECTIONS ESPAGNOLES, J-6. Avant les législatives du dimanche 3 mars, «Libéra- -tion» scrute les enjeux du vote. Les prisonniers basques rêvent du printemps. Mais le Parti populaire a promis de bloquer la nouvelle loi diminuant la peine maximale.

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publié le 26 février 1996 à 0h47

Vitoria, envoyé spécial

Mikel Sueskun n'aime pas trop se souvenir. Il tente d'esquiver le passé, de feinter ces temps révolus, quand il flirtait avec le terrorisme. Peut-être y songera-t-il ce soir, quand, après avoir fermé son petit bureau de la Croix-Rouge, il regagnera sa cellule de la prison de Nanclares de la Oca, dans la banlieue de Vitoria, la capitale du Pays basque. Il passe quatre nuits par semaine derrière les barreaux, avant de disposer, le week-end, d'une liberté complète. Aucune velléité de s'enfuir. Il ne désire que purger complètement sa peine. Ses mauvais souvenirs remontent à dix ans maintenant, quand il en avait 38.

«Ça a commencé avec un certain Roberto...» Nationaliste convaincu, qui prône l'indépendance du Pays basque, Mikel Sueskun a croisé ce membre de l'ETA pour se fendre d'une promesse: «Un jour... si nous avons besoin d'un coup de main...» Le jour est venu, celui où il a hébergé deux membres actifs de l'organisation séparatiste, Angelines et Andrés. «Ils ont promis qu'ils partiraient le lendemain, mais ils sont restés quelques jours, avant de repartir devant mon insistance, puis de revenir, et ainsi plusieurs fois, je ne pouvais pas les laisser dehors.» Ce n'est que quatre ans plus tard, en 1989, que Mikel Sueskun sera arrêté: avec le démantèlement du commando Alava (le département de Vitoria), la police a obtenu les preuves de sa collaboration. «Je n'ai rien nié, et j'ai accepté la condamnation.»

Dans ce pays où le terrorisme continue à faire des di