Buenos Aires, correspondance
A la veille de l'arrivée à Paris du président Carlos Menem, des révélations sur le sort des deux religieuses disparues en Argentine sous la précédente dictature (1976-1983), Alice Domon et Léonie Duquet, risquent de ternir sérieusement le climat de cette première visite officielle du chef de l'Etat argentin depuis sa réélection en mai 1995.
Dans une lettre au président Menem, rendue publique à la fin de la semaine dernière, l'ancien officier de marine, Adolfo Scillingo, affirme que les deux religieuses furent anesthésiées, avant d'être précipitées d'un avion dans le delta du fleuve Parana. Il y a un an, cet ex-capitaine de frégate révélait à la télévision les méthodes employées par les militaires pour faire disparaître les corps des prisonniers politiques, lors de «vols» auxquels il avait lui-même participé. Son témoignage suscitait alors une vague de confessions, qui rompait le pacte de silence observé jusqu'alors par les militaires.
Au cours des dernières semaines, le gouvernement argentin s'est pourtant efforcé de résoudre l'épineux cas de l'officier de marine Alfredo Astiz.
Condamné par contumace à la réclusion à perpétuité en 1990, par la justice française, pour séquestration et tortures des deux religieuses, il ne peut quitter l'Argentine en raison d'un mandat d'arrêt international. La marine a fini par annoncer qu'Astiz serait mis en congé début mars et à la retraite d'ici à six mois. A Paris, les familles des religieuses ont demandé une au