Pampelune, envoyé spécial
Bakearen etxea. «La maison de la paix», en basque. Le local, dans une de ces rues étroites du vieux centre de Pampelune, semble perpétuellement en travaux, comme inachevé. Le désordre y règne, qui témoigne, entre les cendriers pleins et les chaises égarées, d'une réunion récente. «Une assemblée plutôt, car nous sommes un mouvement, pas une association. Il n'y a pas de président, de chef, de hiérarchie. Chacun est l'égal de son voisin», corrige Pedro Otaduy, simple membre, donc, du Mouvement des objecteurs de conscience (MOC) de Navarre. Son énorme sourire découpe un petit visage tout rond, presque de gamin, malgré ses 38 ans, dont vingt de lutte contre le service militaire, contre l'armée, contre toutes les armées. Ce même sourire, inlassablement optimiste, l'aide à dédaigner les récentes promesses électorales, qui, pour draguer le vote des jeunes, surenchérissent, de droite à gauche, sur la réduction de la durée du service militaire: «Nous sommes radicaux, au sens littéral: nous voulons nous attaquer à la racine, démontrer à la société que l'armée est néfaste. A quoi sert-elle? A nous défendre du Maghreb? Avec le budget de la défense, nous ferions mieux de l'aider à se développer.» Le MOC a mis Einstein en exergue: «Les objecteurs de conscience sont les précurseurs d'un monde sans guerre.» L'Espagne serait alors à l'avant-garde: en dix ans, le nombre d'objecteurs a été multiplié par onze. A ce rythme-là, dans peu de temps, les forces armées espagnol