Bogota, envoyé spécial
La peine de mort sauvera-t-elle Ernesto Samper? Abandonné par les siens et vilipendé par les autres, accusé d'avoir profité de l'argent de la drogue, dix-huit mois seulement après son entrée en fonction, le chef de l'Etat colombien vient de jouer en tout cas ce qui ressemble à un va-tout, en se prononçant pour le rétablissement de la peine capitale. Une proposition -diversion, insolite de la part d'un «progressiste», mais dont l'objectif est clair: permettre au président acculé de se redessiner un soutien populaire et politique, dans un pays accablé par la violence, où l'on enregistre plus de 30.000 homicides par an.
Ce nouvel épisode est donc l'ultime rebondissement d'une «affaire» que l'on peut retracer depuis les présidentielles de juin 1994. S'il avait été élu au premier tour, Ernesto Samper ne serait pas en effet aujourd'hui ce chef d'Etat aux abois. Mais le candidat libéral à la présidence ne l'emporta qu'au second tour, d'une courte tête, sur son rival conservateur Andres Pastrana.
C'est entre les deux tours de scrutin que tout a dérapé. Misant sur une victoire sans ballottage, Samper s'est trouvé sans un peso pour le duel final. Le leader du centre gauche, héraut de la transparence et de l'honnêteté, s'est-il alors résigné à puiser dans la vieille tirelire de la classe politique colombienne, généreusement remplie depuis vingt ans par les trafiquants de drogue afin de s'assurer des plus hautes protections? Trois jours après l'élection, la publicat