Sydney,
de notre correspondante Chez tante Alison, la reine d'Angleterre est affichée sur les murs de la cuisine. Photo soigneusement découpée dans un numéro spécial du Daily Telegraph Mirror, et plastifiée «pour la protéger des odeurs de friture». Ce n'est pas qu'elle juge Elisabeth II indigne de son salon, mais tante Alison passe l'essentiel des journées dans sa cuisine... Farouchement royaliste, elle ne décolère pas contre Paul Keating, le Premier ministre travailliste qui veut cisailler les liens avec la couronne et faire de l'Australie une république avant l'an 2001.
Acte symbolique, car si, en théorie, la reine est bien le chef d'Etat de cette fédération, les Australiens sont depuis longtemps maîtres chez eux. «Alors pourquoi tout changer?», maugrée tante Alison. Pour que l'Australie prenne en main son destin, qu'elle s'installe dans ce futur qui ne peut être qu'asiatique le Japon est déjà le premier fournisseur et le premier client du pays et se façonne une identité qui ne soit plus un écho pâlissant de la vieille Angleterre. Argument mille fois répétés par Paul Keating qui, le 2 mars, à l'issue des élections fédérales, saura s'il a convaincu les Australiens.
80% des électeurs sont déjà favorables à l'idée que le chef d'Etat australien soit l'un des leurs et non pas une tête couronnée qui trône à 20.000 kilomètres de chez eux. Mais le débat constitutionnel n'est pas au centre de cette campagne qui oppose les travaillistes, au pouvoir depuis treize ans, à la coaliti