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Libération
Reportage

Un faubourg vidé par l'exodeIlijas était le dernier verrou serbe sur la route vers le nord de la Bosnie.

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publié le 1er mars 1996 à 3h20

Ilijas, envoyé spécial En un matin blafard, au coeur d'une banlieue d'immeubles lugubres et dans une étrange indifférence, l'enclave de Sarajevo est tombée hier. Après 1.425 jours ­ ou 1.399 jours, selon que l'on date le début du siège à partir du premier bombardement (6 avril 1992) ou de la rupture totale des communications entre le monde et la capitale (2 mai 1992) ­, celle-ci est enfin reliée par une route ordinaire et libre au reste de son pays, la Bosnie-Herzégovine.

Bien sûr, comme tous les sièges, celui de Sarajevo n'avait jamais été hermétique. Depuis le premier printemps de la guerre, de multiples échappatoires, plus ou moins dangereuses et stables, permettaient une circulation plus ou moins dense avec Sarajevo. Il y avait eu la piste d'Igman, qui partait d'un aéroport dominé par la Forpronu et qui zigzaguait dans une zone sous le feu des artilleurs serbes. Depuis l'opération de la FRR (Force de réaction rapide), il y avait eu en septembre dernier l'organisation du convois par la banlieue d'Ilidza et, au lendemain des accords de Dayton, l'ouverture par l'Ifor de plusieurs corridors, à l'est sur la route de Pale, à l'ouest sur la route d'Hadzici. Néanmoins, toutes ces voies traversaient des zones maîtrisées par les troupes serbes bosniaques du général Mladic, donc à la merci des snipers, des preneurs d'otages, d'un renversement d'humeur ou de politique de quelconques officiers ou miliciens. Aujourd'hui, une page de la guerre est tournée, provisoirement.

C'est au lever