Il se croit déjà, à nouveau, le boss et, ancien dictateur
militaro-marxiste pendant dix-neuf ans, Mathieu Kérékou veut être élu président, dimanche, pour «préparer le Bénin du futur». Le slogan peut surprendre de la part d'un homme du passé, le «grand camarade de lutte» qui, de 1972 à 1990, a politiquement isolé l'ancien Dahomey, culturellement asséché le «quartier Latin de l'Afrique» et économiquement ruiné un pays de cinq millions d'habitants vivant d'agriculture et, surtout, de mille trafics avec le grand Nigeria voisin. Mais, six ans après avoir cédé le pouvoir sans effusion de sang, Mathieu Kérékou est non seulement le seul candidat sur Internet via Benin Online Services System (Boss) mais, il est aussi entouré d'hommes nouveaux: les déçus de l'actuel président Nicéphore Soglo.
Ils sont légion. Le comité de soutien à la candidature de Mathieu Kérékou se lit comme un Who's Who de la classe politique béninoise, sinon comme le registre des geôles de l'ancien régime. Parmi d'autres ex-prisonniers politiques et aux côtés d'un ministre deux fois condamné à mort par le passé, on trouve Justin Ahomadegbe, ancien président de la République, renversé puis, pendant neuf ans, emprisonné par le général Kérékou. «Certaines personnes entretiennent des relations sado-masochistes avec leur tortionnaire», ironise Nicéphore Soglo. «Il ferait mieux de se demander ce que lui-même a fait pour pousser les gens vers leur tortionnaire», lui rétorque Albert Tévéodjré, l'un des leaders sudist