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Libération

José Maria Aznar, la victoire en déchantantLe succès étriqué de la droite espagnole l'oblige à s'allier pour gouverner.

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publié le 5 mars 1996 à 3h11

Madrid,

de notre correspondant La nuit de dimanche à lundi fut triste pour les vainqueurs, euphorique pour les vaincus. La courte victoire du Parti populaire (PP) aux élections législatives a déjoué tous les pronostics, à commencer par ceux des instituts d'enquêtes d'opinion (voir ci-dessous). Les leaders des deux grands partis, José Maria Aznar et Felipe Gonzalez, ne sont apparus que peu avant minuit, une fois connus leurs scores définitifs, après une soirée au bord de l'infarctus, puisque de premiers résultats (trop) partiels donnaient les socialistes vainqueurs. Il n'en fut rien, mais le PP, qui s'attendait à une large victoire, ne devance le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) que de 1,5 point, 340.000 voix et 15 députés.

L'ambiance était donc tendue au siège du PP et José Maria Aznar a préféré annuler sa conférence de presse. Sourire crispé, il a tout de même salué les milliers de militants qui s'égosillaient sous son balcon. Son discours de gagnant de la campagne électorale s'était chargé de prudence: la courte majorité «peut être suffisante» et le PP «gouvernera, s'il en a la responsabilité». A trois kilomètres de là, la foule grossissait devant le siège du PSOE. L'inoxydable Felipe Gonzalez était acclamé, révéré, embrassé: «Felipe, Président!» (du gouvernement). Improbable, ce cas de figure n'est pas impossible, alors que s'ouvre le jeu des futures alliances. Lors des consultations formelles du roi Juan Carlos, Gonzalez proposera, comme le veut la coutume, le nom