Une semaine après la tenue d'élections libres les premières depuis
1967 en Sierra Leone, pays ravagé depuis cinq ans par une guerre civile, le chef de la junte au pouvoir a «accepté» le verdict des urnes. Hier, le général Julius Maada Bio, qui a ravi le pouvoir à un autre militaire il y a seulement six semaines, a entériné le résultat des législatives, organisées les 26 et 27 février, et annoncé que le second tour de la présidentielle se tiendrait le 15 mars. «L'élection la plus importante est encore devant nous», a déclaré le général Bio en parlant du vote décisif qui doit départager Ahmad Tejan Kabbah, le candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (PPSL), et John Karefa-Smart, l'octogénaire leader du Parti national uni du peuple (PNUP), arrivé second au premier tour. Soixante-huit députés ayant été élus à la proportionnelle, la désignation du Président permettrait, dès la fin mars, le retour à un régime civil.
«On n'ose toujours pas y croire, mais, alors qu'on n'y croyait pas non plus, il y a eu des élections», a commenté un diplomate en poste à Freetown. L'ancienne colonie britannique, naguère connue comme la «Jamaïque d'Afrique» pour avoir accueilli les «Nègres marrons» des révoltes d'esclaves écrasées sur les Grandes Antilles, semble en effet sur le point d'accomplir l'inconcevable: une transition démocratique dans un pays désorganisé, malgré une rébellion hostile aux élections et une armée réticente à céder le pouvoir aux civils. Lundi dernier, dans la capitale, de