Province du Fujian, envoyée spéciale
Un nuage de cigarettes a envahi l'aérogare ultramoderne de Xiamen, la ville portuaire ouverte sur Taiwan, dont le succès économique est devenu le fleuron de la province du Fujian. Dans un capharnaüm de valises entassées, une voix embarrassée prévient que des colis-repas vont être servis aux portes d'embarquement. Les écrans annonçant les départs et arrivées égrènent une nouvelle fois la liste des vols en attente: «C'est comme ça tous les jours depuis la mi-février et il paraît que la situation va se prolonger jusqu'aux élections de Taiwan, fin mars», soupire une hôtesse. «Aucun avion ne peut atterrir ou décoller entre 9 h et 15 h. Les militaires utilisent les couloirs aériens pour préparer leur foutu exercice. Vous parlez d'un bazar, et de l'image que nous donnons aux hommes d'affaires!»
L'armée chinoise a entamé depuis hier un exercice militaire de grande envergure dans la province du Fujian, qui fait face à Taiwan. L'objectif est de simuler un blocus de l'île nationaliste, séparée du continent communiste depuis 1949 et dont Pékin réclame le retour. Les spécialistes du renseignement annoncent une mobilisation allant de 140.000 à 300.000 hommes et le rassemblement d'une centaine d'avions de combat. L'agence Chine nouvelle a officiellement annoncé que l'armée populaire allait procéder du 8 au 15 mars à des tirs de missiles, dont la cible se situera à la lisière des eaux territoriales taïwanaises, à moins de 40 km de Taipeh.
Des trente années