A moins que tous les témoignages de ces heures décisives ne soient
faux, il est l'homme qui, après l'attentat meurtrier contre l'avion du président rwandais Juvenal Habyarimana, le 6 avril 1994, a mis en route la machine à tuer. Samedi, le colonel Théoneste Bagosora a été arrêté à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Il y résidait, après un passage par Goma et Kinshasa au Zaïre, depuis septembre 1995 sans être inquiété. C'est à la suite d'une intervention des nouvelles autorités de Kigali que le gouvernement camerounais s'est décidé à l'appréhender, en attendant de l'extrader, soit devant le Tribunal international pour le Rwanda soit en Belgique, qui accuse le colonel Bagasora d'avoir organisé, le 7 avril à Kigali, l'assassinat de dix Casques bleus.
Il serait difficile de trouver plus extrémiste que lui: le 4 avril 1994, deux jours avant l'attentat contre l'avion, le colonel Bagosora avait affirmé, devant témoins, que les accords de paix d'Arusha ne valaient «rien» et que, seule solution, il fallait «exterminer tous les Tutsis». Survient, le 6 avril peu après 20 h, l'assassinat du Président. Trois heures plus tard, c'est le colonel Bagosora, en sa qualité de directeur de cabinet du ministre de la Défense, alors absent, qui préside la réunion d'un «comité de crise». Puis, vers 2 h, sa trace se perd dans la nuit. Au petit matin, les unités de choc de l'armée et, en particulier, la garde présidentielle se mettent à tuer, listes à la main. Ainsi, le Premier ministre Agathe Uwiling