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Libération
Reportage

Quemoy, tête de pont de la défense taïwanaise à 1 kilomètre du continent Cinquante mille soldats seraient déployés sur cette île-forteresse. Très anticommunistes, les habitants se disent prêts à résister.

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publié le 13 mars 1996 à 2h48

Ile de Quemoy (Kinmen), détroit de Taiwan,

envoyée spéciale Une nouvelle volée de marches vient de s'ouvrir au détour du souterrain. Sous la lumière blafarde des néons, le corridor de béton se resserre, ne laissant plus qu'un passage de la largeur d'un homme. Depuis plus de dix minutes, la petite équipe marche d'un pas rapide, à plus de douze mètres de profondeur, sous le village de Chiung-lin. Un véritable dédale de couloirs fortifiés sous l'île de Quemoy, la tête de pont de l'armée taïwanaise, située à moins de 1.700 mètres de la côte chinoise du Fujian. «Nous n'avons jamais eu l'occasion d'utiliser ce souterrain que nous avons creusé à la fin des années 60, pendant que la Chine sombrait dans la Révolution culturelle», explique Tsai Hsi-ling, un villageois d'une cinquantaine d'année qui importe des produits alimentaires de Taiwan, «mais peut être aurons-nous bientôt recours à ces installations». Le corridor remonte en pente douce vers une trouée de lumière. La sortie est dissimulée derrière un blockhaus recouvert d'un filet vert, à l'entrée du village. Le sas d'accès était caché derrière une porte, dans la salle de réunions de la mairie. A quelques mètres, une statue de «Shisiye», une divinité en forme de lion debout, censée protéger le détroit, est recouverte d'un manteau de taffetas rouge, la couleur du bonheur dans la culture chinoise. Des bougies et des bâtonnets d'encens sont allumés au pied de la statue. «D'habitude, nous ne vénérons Shisiye qu'une fois par an, mais