Bujumbura, envoyée spéciale
Se lever le matin en pensant qu'il est 11 h. Constater qu'il n'en est que 9. Demander l'heure à nouveau, en se disant que, cette fois, il doit au moins être midi. L'horloge affiche seulement 9h5. Aujourd'hui, au stade, les Vitalo du Burundi jouent contre les Costa do Sol du Mozambique. «Ça fait une journée où il y a quelque chose à attendre.» Aller s'installer dans les tribunes avec un vêtement «de bonne griffe si possible». Appeler le gamin qui vend des oeufs et des bonbons sur les gradins. Discuter. Essayer de lui en piquer 1. En payer 10. «Et des cachets, de la came, du Rohypnol? T'en vends pas du Rohypnol, petit frère?» Là, Jef va rigoler. Jef ou Désiré ou Thierry ou un autre du groupe. Lui taper dans la main en disant: «Double one, double one.» Demander à la cantonade des nouvelles d'un frère ou d'un cousin. Quelqu'un va répondre: «Lui continue avec les grenades. On dit qu'il cherche à se payer une arme. L'ambiance est par terre de toute façon.» Applaudir les joueurs, surtout le numéro 10. «Et de la bière? Quelqu'un a de quoi acheter de la bière après le match?» Rentrer vite au quartier, quatre encore sont morts en chemin la semaine dernière. Quatre autres sont en prison. «Tu as ton couteau au moins?» Ecouter Adamo. Avoir 20 ans à Bujumbura.
Lui s'appelle Olivier. Il préfère dire «Hooligans». Il se tape sur la poitrine. «Pur produit, 100% made à Burundi.» «Tutsi pour vous servir», dit Thierry, un copain. On le fait taire. «On n'est pas des